Tiré de Argumentaire,
PREMIER CONSTAT De 1945 à 1974, les immigrés, une main-d'uvre d'appoint. Comme le souligne Giovanni Lentini (1) "Le rôle économique de l'immigration est d'être une main-d'uvre supplétive à la main-d'uvre autochtone, une main-d'uvre d'appoint dans les secteurs délaissés par les nationaux, ceux qui préfèrent engager des travailleurs peu qualifiés plutôt que d'améliorer la qualité technique de l'outil de production, et offrent dès lors des emplois pénibles, insalubres, mal payés. La politique de l'emploi menée dans les charbonnages permet d'éclairer cette dynamique. Après la deuxième guerre mondiale, une production rapide et massive de charbon est indispensable pour réactiver l'économie belge. Le gouvernement belge se tourne vers le gouvernement italien, avec qui il conclut un accord en juin 1946". L'immigration italienne va se poursuivre jusqu'en 1956, année de la catastrophe de Marcinelle où 265 mineurs dont près de 200 Italiens vont trouver la mort au charbonnage du Bois du Cazier. Le gouvernement belge conclut ensuite des accords avec le gouvernement espagnol en 1956 et le gouvernement grec en 1957. Dans une troisième phase, le recrutement des travailleurs étrangers pour les charbonnages se poursuit jusqu'en 1965, ils seront alors de nationalité turque ou marocaine. Donc, comme le souligne G. Lentini, de 1945 à 1974, un immigré est avant tout économique.(1) "C'est une personne qui quitte son pays dans le but d'améliorer ses conditions d'existence et celles de sa famille, en étant recrutée par le pays d'accueil, demandeur de mains-d'uvre." DEUXIEME CONSTAT La Belgique a fait appel à une mains-d'uvre étrangère malgré la présence de nombreux chômeurs dans le pays. "Elle [l'immigration] coexiste depuis ses origines avec un contingent relativement important de chômeurs autochtones que la politique de l'emploi menée par la Belgique ne parvient pas à reconvertir pour occuper des postes de travail vacants." (2) En 1962, le démographe français SAUVY montre que l'immigration et le regroupement familial constituent des remèdes au déclin et au vieillissement de la population wallonne. Le rapport Sauvy examine l'importance du phénomène (dû à une diminution de la natalité associée aune baisse de la mortalité) et démontre combien l'accroissement de la population active s'avèrerait bénéfique pour l'expansion économique de la région. Le rapport propose de favoriser l'accroissement de la natalité (en sachant que cela implique les coûts liés à la non?activité de la jeunesse) et surtout de faire appel aux immigrés et à leur famille. QUATRIEME CONSTAT La situation économique change et en 1974, l'immigration est officiellement arrêtée. L'accès au territoire concerne les travailleurs hautement qualifiés, les travailleurs CEE, le regroupement familial. CINQUIEME CONSTAT Les travailleurs immigrés ont occupé les emplois que les Belges ne voulaient plus accepter (charbonnages, carrières, textiles, sidérurgie). Aujourd'hui encore, beaucoup d'étrangers occupent des emplois vécus. SIXIEME CONSTAT Le départ de ± 900000 personnes immigrées entraînerait une chute considérable de l'activité économique belge (location de logements, achat de voiture, médecins, ... sans parler de leur contribution en taxes et impôts) qui, à son tour, provoquerait beaucoup de chômage. Le renvoi des immigrés ne libérerait donc pas de travail pour les belges. (1) LENTINI. G., Points de repères pour
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