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"Quelques éléments de réponse"

Tiré de Argumentaire,
Campagne Passeport européen contre le racisme.
Cjef Décembre 1994

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TRAVAILLEURS, soyez les bienvenus en Belgique!

Vous songez à venir travailler en Belgique ?
Vous avez peut-être déjà pris "la grande décision"? Nous, Belges, sommes heureux que vous veniez apporter à notre pays le concours de vos forces et de votre intelligence.
Mais nous désirons que cette vie nouvelle contribue à votre bonheur.
Pour y parvenir, voici ce que nous vous proposons : nous essayerons dans cette petite brochure de vous informer des conditions de vie et de travail qui vous attendent en Belgique.
Ainsi vous prendrez le "grand départ" en connaissance de cause.

Emigrer dans un pays qui, nécessairement, est différent du vôtre, pose quelques problèmes d'adaptation. Ces difficultés initiales seront beaucoup plus facilement surmontées si vous menez une vie normale; c'est à dire une vie familiale.

La Belgique est un pays où le travail est bien rémunéré, où le confort est élevé, surtout pour ceux qui vivent en famille. Vous trouverez dans notre pays un esprit international.
Du reste, 258 organisations internationales ont leur siége principal en Belgique et beaucoup d'hommes politiques, de techniciens, d'hommes d affaires et d'étudiants d'autres pays vivent sur notre sol. Il y a déjà des travailleurs de votre pays chez nous. Venez les rejoindre si vous croyez que votre situation peut s'améliorer.
Mais pour le savoir, lisez attentivement les pages qui suivent. De toute façon, nous vous le répétons: les travailleurs méditerranéens sont les bienvenus parmi nous, en Belgique.

Vivre et travailler en Belgique,
Ministère de Emploi et du Travail, 1964

 

PREMIER CONSTAT

De 1945 à 1974, les immigrés, une main-d'œuvre d'appoint.

Comme le souligne Giovanni Lentini (1) "Le rôle économique de l'immigration est d'être une main-d'œuvre supplétive à la main-d'œuvre autochtone, une main-d'œuvre d'appoint dans les secteurs délaissés par les nationaux, ceux qui préfèrent engager des travailleurs peu qualifiés plutôt que d'améliorer la qualité technique de l'outil de production, et offrent dès lors des emplois pénibles, insalubres, mal payés.

La politique de l'emploi menée dans les charbonnages permet d'éclairer cette dynamique. Après la deuxième guerre mondiale, une production rapide et massive de charbon est indispensable pour réactiver l'économie belge. Le gouvernement  belge se tourne vers le gouvernement italien, avec qui il conclut un accord en juin 1946".

L'immigration italienne va se poursuivre jusqu'en 1956, année de la catastrophe de Marcinelle où 265 mineurs dont près de 200 Italiens vont trouver la mort au charbonnage du Bois du Cazier.

Le gouvernement belge conclut ensuite des accords avec le gouvernement espagnol en 1956 et le gouvernement grec en 1957.

Dans une troisième phase, le recrutement des travailleurs étrangers pour les charbonnages se poursuit jusqu'en 1965, ils seront alors de nationalité turque ou marocaine.

Donc, comme le souligne G. Lentini, de 1945 à 1974, un immigré est avant tout économique.(1) "C'est une personne qui quitte son pays dans le but d'améliorer ses conditions d'existence et celles de sa famille, en étant recrutée par le pays d'accueil, demandeur de mains-d'œuvre."

DEUXIEME CONSTAT

La Belgique a fait appel à une mains-d'œuvre étrangère malgré la présence de nombreux chômeurs dans le pays. "Elle [l'immigration] coexiste depuis ses origines avec un contingent relativement important de chômeurs autochtones que la politique de l'emploi menée par la Belgique ne parvient pas à reconvertir pour occuper des postes de travail vacants." (2)

TROISIEME CONSTAT

En 1962, le démographe français SAUVY montre que l'immigration et le regroupement familial constituent des remèdes au déclin et au vieillissement de la population wallonne. Le rapport Sauvy examine l'importance du phénomène (dû à une diminution de la natalité associée aune baisse de la mortalité) et démontre combien l'accroissement de la population active s'avèrerait bénéfique pour l'expansion économique de la région. Le rapport propose de favoriser l'accroissement de la natalité (en sachant que cela implique les coûts liés à la non?activité de la jeunesse) et surtout de faire appel aux immigrés et à leur famille.

QUATRIEME CONSTAT

La situation économique change et en 1974, l'immigration est officiellement arrêtée. L'accès au territoire concerne les travailleurs hautement qualifiés, les travailleurs CEE, le regroupement familial.

CINQUIEME CONSTAT

Les travailleurs immigrés ont occupé les emplois que les Belges ne voulaient plus accepter (charbonnages, carrières, textiles, sidérurgie). Aujourd'hui encore, beaucoup d'étrangers occupent des emplois vécus.

SIXIEME CONSTAT

Le départ de ± 900000 personnes immigrées entraînerait une chute considérable de l'activité économique belge (location de logements, achat de voiture, médecins, ... sans parler de leur contribution en taxes et impôts) qui, à son tour, provoquerait beaucoup de chômage. Le renvoi des immigrés ne libérerait donc pas de travail pour les belges.

(1) LENTINI. G., Points de repères pour comprendre l'immigration
in Bulletin de la Fondation André Renard. n°194.
(2) BASTENIER, A., "Nations, classes, minorités"
in Culture et démocratie Au-delà de l'immigration, Labor, 1992

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